Comment peut-on écrire des chansons somme toute de bonne facture, et proférer de telles âneries sur une radio ? J’avoue que, comme la Vénus de Milo, les bras m’en tombent.

Primo, une mise au point. Il ne s’agit pas, pour moi, dans cette tribune, de me « venger » d’Alain Souchon. Je n’ai pas un seul disque de lui, je ne suis jamais allé à un de ses concerts. Il n’y a donc aucun conflit commercial entre nous. Et puis je ne me sens pas offensé qu’il me traite de con. Par les temps qui courent, je me dis qu’« être traité de con par des imbéciles, comme le souligna en son temps l’inégalable Georges Courteline, est une volupté de fin gourmet ». Et lorsqu’on est un fin gourmet comme j’ai la prétention de l’être, des occasions de jouir d’une ineffable volupté, on n’en manque pas, parce que des imbéciles qui vous traitent de cons, on en trouve à satiété dans l’audiovisuel public et subventionné. Remercions donc plutôt tous ces imbéciles pontifiants pour le plaisir qu’ils nous procurent, et surtout, qu’ils ne changent pas de discours, on ne s’en lasse pas.

Au fond, la sortie d’Alain Souchon m’a beaucoup amusé. Franchement, s’il est une constante chez tous ces cons, le premier de cordée en tête (devinez à qui je fais allusion ?), c’est qu’ils ne manquent pas d’air. Souchon est un artiste de gauche, voire de la gauche de la gauche. Il est donc mondialiste, immigrationniste, vivre ensembliste, gazaouiste, anti Trumpiste, antisioniste, écologiste, sans doute végétarien (voire vegan), très impliqué dans le réchauffement anthropique de notre pauvre planète, Hidalgolâtre et j’en oublie. Il vomit le RN, il l’a dit, et il voudrait probablement que l’on interdise de parole toutes et tous celles et ceux qui ne pensent pas, comme lui, qu’il faut interdire de parole et même de pensée celles et ceux qui ne pensent pas comme lui (vous me suivez ?). Hé bien figurez-vous que la main de ce parangon de vertus progressistes n’a pas tremblé lorsqu’il s’est agi d’appliquer son auguste paraphe sur une pétition qui voulait interdire (interdire, le mot favori des progressistes) l’implantation d’une supérette Carrefour City près de chez lui, dans son quartier préservé du 6ème arrondissement, où l’arrivée de consommateurs mal lavés aurait fait tache.

Et j’ai beaucoup aimé aussi la conclusion de son exposé magistral : si jamais, bien que le risque d’arrivée au pouvoir du RN soit à peu près aussi grand que la démission de Macron avant la fin de son mandat, si jamais, quand même, le RN arrivait au pouvoir, ce serait une révolution dans le pays. Bon, admettons. Mais que ferait ce futur révolutionnaire dans ce cas bien improbable ? Il descendrait dans la rue, une fourche à la main et un bonnet phrygien sur la tête ? Que nenni, les gueux ! Il filerait en Suisse ! Carrément ! Et il n’éprouve aucune pudeur à l’avouer. Il laisserait les Français se démerder, pour vivre entre ses parents le reste de son âge, dans un des pays les plus xénophobes et nationalistes de la Terre ! Au moins, en son temps, Pierre Arditi, grand talent – de comédien, je précise -, et autrement plus « couillu » que notre chanteur pour vieilles institutrices, avait déclaré avec emphase, devant la possible élection de Jean-Marie le Pen, que dans ce cas-là, il entrerait en résistance (on m’a dit qu’il avait même loué une datcha dans le Vercors, au cas où). Souchon, lui, se carapaterait. Et il annonce cela ouvertement, sans la moindre gêne. Ils sont beaux ces bobo-gauchistes !

Un poil d’optimiste, pour ne pas désespérer Billancourt : lorsque l’on mesure ce que les intelligences supérieures de gauche (ou assimilées) qui nous gouvernent ont fait de la France ce demi-siècle passé, on peut raisonnablement se dire que des cons vraiment de droite au pouvoir ne pourraient pas faire pire, n’est-il pas ?